MÉMOIRE DE L'UNIVERSITÉ DE L'ÎLE DE VANCOUVER

Résumé

La Vancouver Island University (Université de l’île de Vancouver; VIU), qui continue d’évoluer en tant que nouvelle université régionale axée sur le renforcement des capacités en matière d’application des connaissances et de prospérité économique, a cerné les possibilités présentées ci‑après sur les plans de l’innovation de l’enseignement postsecondaire et de la prospérité économique régionale.

1. Enseignement autochtone : La VIU est un chef de file régional en ce qui a trait à l’établissement de liens avec les collectivités autochtones; plus de 1 900 étudiants autochtones y sont inscrits, suivant des cours sur les trois campus de l’établissement. La VIU exerce des pressions auprès du gouvernement fédéral afin que ce dernier entame des dialogues avec les universités régionales au sujet de l’atteinte de résultats favorables pour les étudiants autochtones et reconnaisse le rôle important de ces universités, lesquelles misent sur le succès des étudiants autochtones. La VIU, à l’instar du gouvernement fédéral, est d’avis qu’il faut s’attaquer au sous‑financement, un phénomène de longue date, et faciliter l’accès des membres Premières Nations à l’enseignement postsecondaire, des mesures clés de renforcement des capacités pour l’économie aux échelles locale, régionale et nationale. Toutefois, notre expérience confirme qu’un financement insuffisant continue d’entraver la capacité de bon nombre d’étudiants autochtones (dont la plupart sont plus âgés que le sont habituellement les étudiants à ce niveau) de fréquenter des établissements d’enseignement postsecondaire. Le chancelier de la VIU, le chef Atleo, a également souligné l’importance d’investir dans l’enseignement autochtone.

2. Ressources côtières et de la révolution aquatique (« révolution bleue ») : La VIU est reconnue comme un intervenant de premier plan dans les domaines de la recherche sur les ressources alimentaires aquatiques et côtières et de la gestion de ces ressources, de même qu’en ce qui touche les partenariats avec l’industrie locale de l’aquaculture et l’établissement de l’environnement fondé sur le savoir qui est nécessaire pour garantir une prospérité côtière durable dans la région. La diversification économique régionale est essentielle. Ainsi, la région procède à une transition, d’une économie essentiellement axée sur l’extraction des ressources à une économie comportant de multiples volets. Des fonds supplémentaires sont absolument nécessaires pour renforcer les capacités et permettre à la VIU d’établir des partenariats clés avec le centre de recherche de Nanaimo du ministère des Pêches et des Océans (MPO) et d’autres groupes intéressés par les océans de la côte Ouest et par la durabilité de ces derniers. Le financement requis pour lancer une initiative telle que l’Institut des systèmes océaniques et alimentaires(Ocean and Food Systems Institute) serait de quelque quatre millions de dollars par année, pendant cinq ans.

3. Économie de transition : L’île de Vancouver passe très rapidement d’une économie axée sur les ressources à une économie fondée sur le savoir. La recherche appliquée et l’enseignement, des éléments fondamentaux du rôle de notre université régionale communautaire, supposent de travailler auprès des collectivités, des organisations et des divers intervenants régionaux pour transférer de la salle de classe à la région les théories et les efforts de réflexion de la VIU. La recherche appliquée permet d’examiner comment l’on peut analyser les préoccupations et les besoins de la région et y donner suite par l’application des nouvelles connaissances, idées, méthodes et pratiques qui contribuent à la croissance de l’établissement, de ses étudiants et de son corps professoral ainsi que des collectivités concernées. Le gouvernement fédéral se doit de continuer à accroître son financement pour la recherche appliquée et de créer parallèlement un programme de financement par voie de concours pour les centres de recherche des universités régionales, où les retombées économiques et sociales de la recherche appliquée peuvent être clairement démontrées étant donné la transition vers une économie du savoir.

Discussion

1.   Enseignement autochtone

En tant qu’établissement postsecondaire sensible aux réalités culturelles ayant accueilli 1 933 étudiants autochtones durant l’année scolaire 2010‑2011, la VIU estime que les partenariats locaux et communautaires sont essentiels à l’accès de ses étudiants autochtones aux études postsecondaires et à la réussite de ces derniers.

L’enseignement autochtone est un élément central du plan de programme que nous avons récemment adopté. Dans une mesure plus grande que jamais auparavant, la VIU dispose de partenariats avec les collectivités autochtones, d’ententes d’arrimage, de programmes d’extension de même que de la capacité de communiquer le savoir autochtone. L’évolution du dialogue et l’approfondissement des relations avec nos partenaires autochtones donnent lieu à un changement institutionnel en ce qui concerne l’enseignement autochtone à la VIU. Nous craignons toutefois qu’en raison du manque de fonds, nous ne puissions continuer d’appuyer comme il se doit les programmes et les services en cause, ce qui se révélera néfaste pour les relations que nous avons forgées avec nos partenaires autochtones et pour les chances de réussite des étudiants autochtones sur le plan des études postsecondaires.

Ci‑après figurent des exemples de programmes efficaces qui sont menacés par les problèmes de financement.

La VIU offre deux programmes autochtones principaux : First Nations Studies (Études des Premières Nations) et First Nations Child and Youth Care (Éducation des enfants et des jeunes autochtones). Ces deux programmes se distinguent par leur recours au programme des « Anciens en résidence ». Les Anciens font partie du corps professoral et permettent d’établir des liens entre les programmes et les impératifs culturels. Bon nombre de nos diplômés sont devenus des dirigeants dans notre région, témoignant ainsi de la réussite de nos programmes autochtones.

La présence d’Anciens sur le campus est un atout pour l’ensemble des étudiants autochtones. Les Anciens font partie intégrante des équipes pédagogiques à la faculté des Études des Premières Nations et ils jouent aussi les rôles de guides spirituels, de mentors et de modèles pour tous les étudiants autochtones. Le corps professoral de cette faculté fait également de la recherche appliquée, notamment sur les plans de la pédagogie et des programmes d’études; deux des membres du corps ont agi à titre de chercheurs‑enseignants à notre Centre d’enseignement et d’apprentissage. L’Aboriginal University Bridging Program (AUBP – Programme de passerelle universitaire autochtone), un programme récemment créé par la VIU, connaît un succès notable. Il a été conçu à la suite de consultations communautaires menées à l’échelle de la Colombie‑Britannique. Il s’agit d’un programme d’enseignement de soutien pour adultes qui comprend des cours en salle de classe, un appui continu aux étudiants et des activités d’encadrement et de mentorat. Toutefois, l’exécution de tels programmes est coûteuse.

En s’appuyant sur le succès de ces programmes, la VIU procède actuellement à la mise au point d’autres cours et programmes : Indigenous Science Courses (Cours scientifiques autochtones); Indigenous Tourism Experience Course (Cours d’expérience touristique autochtone); Aboriginal Management and Leadership (Gestion et leadership autochtones); Community Health Representative Training (Formation de représentant en santé communautaire). À l’heure actuelle, ces activités sont retardées par la recherche d’un financement pour l’élaboration et la prestation des cours.

Recommandation

Entamer des dialogues avec les universités régionales au sujet de l’atteinte de résultats favorables pour les étudiants autochtones et reconnaître le rôle important de ces universités, lesquelles misent sur l’établissement de liens avec les collectivités de la région ainsi que sur le succès des étudiants autochtones, atteignant ainsi des taux élevés d’obtention de diplôme. Dans les efforts qu’il déploie auprès des collectivités autochtones afin de régler le problème majeur du sous‑financement de l’enseignement pour les Premières Nations, le gouvernement fédéral devrait solliciter la participation des universités régionales qui travaillent étroitement avec ces collectivités.

2.   Ressources côtières et de la révolution aquatique (« révolution bleue »)

Depuis plusieurs années, la VIU renforce ses capacités d’enseignement et de recherche dans le domaine général de la gestion des ressources côtières, notamment en ce qui touche l’aquaculture, les pêches, l’alimentation traditionnelle des Premières Nations, le développement social et économique des collectivités côtières et les domaines connexes. Nous cherchons des façons d’intégrer nos ressources désormais non négligeables à celles de nos partenaires proches, par exemple le MPO (Station biologique du Pacifique), d’autres universités, plusieurs centres de recherche nouvellement établis, des sociétés de technologie et des producteurs. Nous avons jugé qu’il serait utile de formuler nos aspirations dans le cadre du thème global de la production alimentaire à partir des ressources des eaux côtières et de mettre en commun nos forces et nos activités, et ce, pour plusieurs raisons. Nous croyons que l’adoption d’une approche intégrée et interdisciplinaire à l’égard des pêches (poissons sauvages et poissons mis en valeur) et des industries de l’aquaculture en Colombie‑Britannique contribuera davantage au développement économique que l’approche actuelle « cloisonnée », laquelle suscite des divisions et freine le progrès. De plus, nous estimons que la pleine participation communautaire et le recours à une façon de faire axée sur l’écosystème à l’égard de la production alimentaire sont des éléments essentiels pour maximiser les possibilités qui sont si grandes le long de nos côtes.

La VIU a pris une série de décisions stratégiques pour renforcer l’orientation vers l’environnement côtier d’une bonne partie de ses programmes d’enseignement, de formation et de recherche. Nous détenons des atouts pour l’enseignement et la recherche appliquée dans les domaines de l’aquaculture en général (Centre for Shellfish Research [centre de recherche sur les mollusques]), de l’analyse chimique de l’environnement (Applied Environmental Research Lab [laboratoire de recherche environnementale appliquée]), des pêches et de l’aquaculture (International Centre for Sturgeon Studies [centre international d’études sur l’esturgeon]) et de l’écologie marine dans le cadre des sciences sociales appliquées, ce qui englobe la gestion des ressources, le tourisme, l’économie, les affaires, la littérature et les politiques publiques (Institute for Coastal Research [institut de la recherche côtière]).

Les produits de la mer nourrissent les Premières Nations de la Colombie-Britannique depuis des millénaires. De même, l’industrie des produits de la mer (pêche et élevage) a joué un rôle clé dans l’évolution des collectivités et des économies côtières de la province et des Premières Nations. Aujourd’hui, la demande mondiale de protéines marines augmente à un rythme sans précédent. On reconnaît qu’une « révolution bleue » s’opère à l’échelle de la planète. Grâce à des investissements stratégiques dans des installations de recherche et d’enseignement, y compris notre nouvelle Deep Bay Field Station (station de Deep Bay), la VIU est un chef de file dans ce mouvement. Cependant, il faudra mener des recherches plus approfondies pour examiner les nombreuses questions complexes sur les plans social, écologique, économique et de la gouvernance en lien avec l’avenir de ces ressources durables en Colombie‑Britannique.

La création de l’Institut des systèmes océaniques et alimentaires à la VIU permettra de relever les défis associés au renforcement d’une économie fondée sur des ressources marines durables par la production de connaissances, le dialogue et l’innovation. Conçue comme organisation interdisciplinaire de réseautage, l’Institut cherchera des méthodes novatrices pour créer des économies côtières et des Premières Nations dynamiques par l’intermédiaire de la production durable de ressources alimentaires marines et des activités industrielles secondaires et tertiaires connexes.

Recommandation

Tirer parti des relations de longue date entre le MPO et nos autres partenaires fédéraux pour appuyer la création de l’Institut des systèmes océaniques et alimentaires comme initiative économique et sociale de la côte de la Colombie‑Britannique menée par la VIU. Le budget requis pour lancer une telle initiative serait de quelque quatre millions de dollars par année, pendant cinq ans.

3.   Économie de transition

Comme bon nombre d’autres régions rurales du Canada, l’île de Vancouver connaît un changement social et économique important, passant d’une économie fondée sur les ressources à de nouvelles formes de développement économique. La situation sur l’île se prête bien au passage à une économie du savoir, mais une telle transition requiert de l’appui. Grâce à leurs programmes de recherche appliquée et à l’enseignement qu’elles offrent, les universités régionales comme la VIU sont outillées pour examiner et cerner des options viables et réalistes. Contrairement aux universités de grande taille qui privilégient la recherche intensive et qui accordent moins d’importance à la recherche appliquée, les universités communautaires misent principalement sur la recherche pratique axée sur les collectivités. La recherche appliquée et l’enseignement supposent de travailler auprès des collectivités, des organisations et des divers intervenants régionaux pour transférer de la salle de classe à la région les théories et les efforts de réflexion des universités. La recherche appliquée permet d’examiner comment l’on peut analyser les préoccupations et les besoins de la région et, éventuellement, y donner suite par l’application des nouvelles connaissances, idées, méthodes et pratiques qui contribuent à la croissance de l’établissement, de ses étudiants et de son corps professoral, ainsi que des collectivités concernées et de la région dans son ensemble. La recherche appliquée et au cœur même de ce que fait la VIU.

Créé en 2008, l’Institut de recherche communautaire de la VIU s’est inspiré de modèles similaires existant ailleurs au Canada. Il constitue un « guichet unique » pour les organisations, les agences ou les groupes communautaires qui ont souvent des besoins particuliers en matière de planification de même que de recherche et de développement, mais qui ne possèdent pas les compétences ou les ressources nécessaires pour réaliser eux-mêmes les recherches envisagées. Les coalitions communautaires qui sont formées pour un projet de recherche donné peuvent exercer une influence durable en facilitant l’action collective future en réponse à d’autres questions de santé publique ou d’ordre social intéressant la collectivité en cause.

L’île de Vancouver (tout particulièrement à Nanaimo) devient le centre géographique d’une grappe d’établissements de recherche marine qui appuient la durabilité des économies des Premières Nations et des collectivités côtières sur la base des ressources biologiques marines. Ces établissements soutiennent le plan économique fédéral Avantage Canada dans trois domaines clés : a) l’avantage entrepreneurial, par l’élaboration de politiques publiques basées sur la science permettant de réduire le fardeau administratif; b) l’avantage du savoir, par l’amélioration des possibilités d’éducation et de formation; c) l’avantage infrastructurel, en reliant solidement et stratégiquement les infrastructures de recherche existantes financées par le gouvernement fédéral, assurant ainsi un plus grand effet de levier en ce qui touche les investissements actuels sur le plan de l’innovation. La création de grappes est centrale dans l’économie du savoir; en reconnaissant les signes précurseurs de la formation de grappes et en offrant un soutien approprié, on peut créer des conditions propices à une croissance indépendante.

Nanaimo est maintenant reconnu comme un centre pour les travailleurs du savoir, ce que Richard Florida nomme la « classe créative ». En raison notamment de son emplacement géographique, de sa proximité de Vancouver et de son aéroport international, de la qualité de vie qui y est offerte et de la présence de la VIU, Nanaimo dispose de tous les ingrédients nécessaires pour exceller dans une économie du savoir. La collectivité de Nanaimo démontre déjà des signes évidents qu’elle s’éloigne d’une économie s’appuyant sur les ressources. Parallèlement, puisqu’elle continue d’établir des liens solides avec les entreprises, les organisations et les collectivités de la région, la VIU est bien outillée pour jouer un rôle majeur dans cette économie de transition.

Recommandation

Créer un programme de financement par voie de concours pour les centres de recherche des universités régionales, où les retombées économiques et sociales de la recherche appliquée peuvent être clairement démontrées, et ce, afin de faciliter la transition d’économies basées sur les ressources vers des économies axées sur le savoir. Le gouvernement fédéral doit s’employer à accroître davantage son financement pour la recherche appliquée, soit continuer d’investir à cet égard, comme il l’a fait dans le budget de l’an dernier.